Le Bitcoin a-t-il de l’avenir ? Peut-il vraiment se pérenniser et acquérir le statut de véritable monnaie ou de valeur refuge (à l’instar de l’or par exemple) comme certains le prétendent ? Ou bien sa valeur est-elle tout simplement vouée à disparaître au terme d’un parcours n’ayant rien à envier aux montagnes russes ?

Une valeur virtuelle

Tout d’abord il faut comprendre que le Bitcoin n’est adossé à aucune activité réelle et que son statut de monnaie non régulée se traduit par une absence de garantie légale de remboursement à tout moment et à la valeur nominale.
En cela investir dans le Bitcoin n’est en rien comparable à un investissement traditionnel que ce soit en immobilier ou sur les marchés financiers. Même des produits « sophistiqués » comme des parts de SCPI* ou encore d’OPCVM* acquis au sein d’un contrat d’assurance-vie reposent sur une réalité économique (dans le premier cas l’investisseur acquiert des immeubles de bureaux ou de commerce et perçoit des loyers payés par les sociétés qui louent ces immeubles ; dans le second il acquiert des parts d’entreprises qui créent de la richesse).

Avant d’acheter des Bitcoins, posez-vous la question de savoir ce qu’ils représentent ! Qu’achetez-vous concrètement ?

*SCPI = Société Civile de Placement en Immobilier / OPCVM = Organisme de placement collectif en valeurs mobilières.

Une volatilité très forte

Vous l’avez compris, la valeur du Bitcoin ne dépend ainsi que de l’offre et de la demande. Son prix peut varier à la hausse comme à la baisse en très peu de temps et reste largement imprévisible. Vous pouvez donc notamment perdre beaucoup d’argent.
Certains se souviennent peut-être que le Bitcoin avait déjà connu une ascension vertigineuse en 2017 et qu’il s’était écroulé par la suite en 2018, perdant 80 % de sa valeur, passant de près de 20.000 dollars à 3.700 dollars.

En réalité la volatilité (amplitude des variations) du Bitcoin est telle que les corrections sont très fréquentes :

[A titre de comparaison, sur les marchés financiers traditionnels on parle de krach boursier si la baisse rapide des cours atteint 20%. En bourse, un krach intervient en moyenne tous les 9 ans.]

Alors qu’est ce qui explique cette volatilité extrême du Bitcoin ?

D’un côté, on l’a dit, l’offre est limitée puisque le nombre de Bitcoins sera plafonné à 21 millions d’unités et que le rythme de production est fixe et décroissant chaque année, entretenant ainsi sa rareté. A ce titre certains le considèrent comme un actif de réserve à l’instar de l’or. Et on le sait, en période de crise, l’or grimpe, servant ainsi de valeur refuge

En 2017 c’est le lancement de contrats à terme basés sur le Bitcoin [mécanisme financier qui permet de spéculer sur un actif avec un effet de levier] qui l’avait consacré en tant qu’actif grand public et contribué à son envolée. En 2021, même si le régulateur américain traîne des pieds, on entend de plus en plus parler de la possibilité de voir arriver des ETF basés sur le Bitcoin (fonds négociés en bourse qui répliquent le cours d’un actif). Une telle possibilité laisse entrevoir un accès facilité au roi des cryptos et donc un afflux de liquidités susceptible de faire décoller encore plus sa valeur.

Mais pour le moment, c’est la médiatisation des investissements de grandes banques et autres entreprises comme Tesla qui ont apporté du crédit et rassuré l’opinion publique sur le Bitcoin attirant ainsi désormais beaucoup d’amateurs et de curieux pas forcément habitués à investir sur les marchés financiers. En ce début d’année 2021, les plateformes d’échange de Bitcoin témoignaient du fait que plus les cours montaient, plus ils avaient de nouveaux acheteurs, essentiellement des hommes…

De là à penser que l’intérêt est purement spéculatif et que la hausse entretient la hausse il n’y a qu’un pas…

Mais à l’inverse, pourquoi le Bitcoin est-il sujet régulièrement à de fortes corrections ?

En 2018, les cours s’effondraient principalement pour 2 raisons :

• Une pression accentuée de la part du régulateur américain, la SEC (Securities and Exchange Commission), sur les plateformes d’échange de cryptomonnaies
• Le piratage de la 3^ème plus grande plateforme d’échange de cryptomonnaies, Binance,

En 2021, depuis mi-mai, ce sont successivement les annonces d’Elon Musk qui déclarait que Tesla n’accepterait plus les paiements en Bitcoins, puis le durcissement de ton de la part de plusieurs fédérations bancaires chinoises à l’égard des crypto-actifs qui a déclenché la forte correction en cours.

Un risque de piratage

Les épisodes répétés de fraudes importantes illustrent la vulnérabilité de l’écosystème des crypto‑monnaies et le niveau élevé des risques associés. En l’absence de mécanismes de garantie, les détenteurs n’ont aucun recours en cas de vol de leurs avoirs par des pirates informatiques

Un futur incertain

Au-delà de sa volatilité (qui le rend inapte à servir véritablement de monnaie) et du risque de piratage, le Bitcoin porte en lui plusieurs autres handicaps qui rendent son futur incertain

• La consommation d’électricité nécessaire pour traiter les transactions est colossale ! Cette année, l’industrie des mines de bitcoins devrait consommer 0,6% de la production totale d’électricité dans le monde selon une étude menée par l’université de Cambridge.
• Le Bitcoin n’est aujourd’hui ni régulé ni contrôlé et constitue à ce titre plusieurs menaces pour les autorités :
  • Il peut notamment favoriser le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
  • Surtout, il pourrait à terme poser la question de la souveraineté économique et financière des Banques Centrales et menacer l’efficacité de leurs politiques monétaires.

Cette dernière menace est prise très au sérieux par les gouvernants qui y voient un sujet d’inquiétude systémique et de réglementation.

Alors quelles réglementations peuvent être mises en place ? Les Etats ou les Banques Centrales pourraient-elles créer leur propre monnaie virtuelle ? Autant de questions qui scelleront probablement le sort du Bitcoin dans l’avenir.

Réponse à découvrir la semaine prochaine dans notre 3^ème épisode !